Après Etienne Mayeur et Eric Lucas, quelques années plus tôt, un troisième homme parmi nos pionniers a terminé son long et impressionnant voyage à l'intérieur de notre superliste. Dominique Jacquemin, vient juste d'atteindre l'incroyable score de 1000. Avec un "S", ce qui signifie qu'il est devenu un "superbig finisher" avec 5 fois 10 bigs dans tous les autres continents. Nous pouvons voir que déjà dans les années '80, il déclarait des bigs et même déjà à l'Est. Fidèle et passionné, il consacrait pratiquement l'ensemble de ses vacances à cette conquête, emmenant souvent sa famille avec lui. Son nom est un honneur au sein de notre Panthéon. Félicitations et surtout : RESPECT.
1) Te voilà à 1000. Tes sentiments ?
Le jour de mon dernier big et les jours qui ont suivi j’étais pleinement heureux. C’était en partie dû à la magnifique journée vécue en compagnie de 7 compagnons de route, au Gerbier de Jonc.
Le soulagement était également bien réel. Avec l’âge les blessures et l’usure du corps se font de plus en plus sentir.
Autre sensation désagréable, celui du vide, celui de se sentir perdu, un peu comme quand du jour au lendemain, on se retrouve pensionné et que l’on se demande, ce à quoi on va passer ses journées.
2) Pourquoi et comment as-tu commencé le vélo ?
Comme tous les gamins, à Nieuport où j’ai passé ma jeunesse, je roulais dans le quartier.
3) Pourquoi et comment as-tu commencé le BIG ? Quel est celui des 3 critères (média, sport, tourisme) qui t'attire le plus ?
Je faisais des voyages itinérants en totale autonomie. Puis un jour Pierre Schillewaert m’a parlé du BIEG (50 ascensions) et la suite tu la connais.
4) Le fait de le faire avec ton frère au début a-t-il été un moteur ?
Nous voyagions souvent ensemble, puis nous avons fait de nombreux bigs. Oui il fut un moteur, c’est d’ailleurs lui qui me remit en selle alors que j’avais 24 ans.
5) A quel moment t'es-tu dit : "j'arriverai à 1000"?
Je n’étais, suite à plusieurs opérations, pas certain d’y arriver. J’en étais sûr après avoir gravi le colle del Nivolet. On ne peut jamais jurer de rien.
Ainsi mon frère Alain (988 bigs) qui devait terminer ses bigs en juillet a dû reporter son voyage pour pouvoir assister notre maman (88ans). Je le remercie pour ce sacrifice car sans ce contre-temps il était certain d’être sur le podium.
6) Des événements dans ta vie privé ont-ils influé ton évolution dans le Big au point de vue du score ?
Mes compagnes, mes enfants avec lesquels j’ai recommencé 2 ou 3 fois le même big. Mais c’était chouette.
7) Quels sont les pays où tu as rencontré le plus de difficultés pour y rouler ?
L’Andalousie car en plus de la chaleur, de nombreuse nationales se transforment en autoroutes. Ainsi les trois routes qui quittent Cadix sont toutes interdites aux cyclistes. L’entrée en Ukraine et la sortie de Roumanie furent difficiles.
8) Quels sont les paysages les plus grandioses que tu aies rencontrés ?
L’Islande, le plateau anatolien, les alpes françaises
9) T'es-tu dit souvent : "je pose mes roues là où des coureurs pros ont posé les leurs" ou bien "là où d'autres membres du BIG ont posé les leurs" ?
Non, car souvent j’étais parmi les premiers à découvrir les bigs comme l’ont fait Eric, Etienne, Alain.
10) Y a-t-il eu une compétition entre ceux qui étaient proches des 1000 en même temps que toi, A ton avis ?
Malheureusement avec les événements de ce mois de juillet je suis bien obligé de le constater et je le regrette.
11) Quels sont tes plus grands souvenirs de partage relationnel dans le BIG ?
Mes voyages itinérants avec Alain, Etienne ou José
(Domi est hors compétition)
12) Quels sont tes moins bons souvenirs dans les 1000 ? les événements de ce mois de juillet ; voir mon ami François démissionner me laisse un goût amer.
13) Le multilinguisme du BIG est-il un atout ou un inconvénient, à ton avis ?
C’est un atout, malheureusement n’étant pas doué pour les langues en ce qui me concerne c’est un handicap
14) As-tu l'impression de partager la même passion que les membres du Big que tu as pu croiser ?
De certains qui aiment le voyage.
15) Pourquoi es-tu devenu président par intérim, puis manager de la revue (rôle que tu reprends maintenant) ? Qu'est-ce qui t'intéresse dans ce job ?
Je voulais que le BIEG vive. De plus compulser les cartes, rédiger des textes avec une simple machine à écrire sur laquelle je tapais à deux doigts, y coller des photos où dessins, cela peut prêter à sourire lorsqu’on compare la technologie dont on dispose aujourd’hui. C’était empirique mais plus chaleureux aussi.
16) Que penses-tu des challenges parallèles (ironbigs, Natachas) ?
Je ne suis pas pour les Natachas car j’estime que chaque nation risque de se refermer sur elle-même.
350 Natachas en Allemagne, c’est le programme d’une vie, alors pourquoi aller autre part ? Mais aujourd’hui, je suis bien content qu’ils existent afin d’avoir de nouvelles ascensions à faire.
17) Parmi tes 1000, quel est ton tiercé des monstres de la pente dure ? Est-ce là que tu as le plus souffert ?
Sans conteste L’Angliru.
Le Plan de Coroners est très difficile sur les dernier Km. Si je l’avais fait 30 ans plus tôt je n’en parlerais certainement pas.
Enfin Las Canadas lors d’un voyage avec Alain et Etienne, ils s’en souviennent !
18) Que pensent tes proches de ta route vers ce Graal et de cette passion ?
Ma maman est heureuse de me voir terminer car elle redoute les chutes lors des descentes.
Mon épouse après avoir chanté « délivrance » se demande à quelle sauce elle sera mangée
Quant à un de mes fils, il se demande si papa et grand- papa compte encore partir avec lui et ses enfants dans les régions montagneuses.
19) As-tu un regret par rapport à ces années BIG ?
De ne pas avoir cru au passage aux 1000 bigs. Un an plus tard, le site a vu le jour et ce fut une croissance vertigineuse.
20) Comment envisages-tu ton avenir cycliste maintenant ?
Les Natachas, découvrir et présenter des ascensions dans des régions peu gâtées cf. (La Galice), changer quelques-uns de mes bigs hors Europe.
21) Qu'aimerais-tu énoncer comme suggestion à ceux qui entament le BIG en voulant aller le plus haut possible aujourd'hui ?
J’ai commencé lorsque le challenge comptait 50 ascensions, il est passé à 100 puis 200 puis 500 pour arriver à 1000. Je ne sais pas si je m’étais lancé dans l’aventure sachant qu’il y aurait autant d’ascensions. Conseil, ne pas voir trop loin et vivre pleinement ses voyages et les pays visités sous tous leurs aspects.
22) Peux-tu résumer le BIG en une phrase ?
Le Big est une aventure cyclo-touristique et sportive d’une vie qui vous ouvrira les portes du Monde