La tradition chez les finishers est de répondre à un questionnaire en vue d'une publication dans la revue annuelle. Et je me prête volontiers à cet exercice.
1- Mes sentiments
J'étais heureux comme un gamin qui venait de recevoir le cadeau auquel il rêvait depuis longtemps. Et ce 21 novembre ce fut Noël , tout simplement. Les messages des amis biggers le jour même et les suivants ont prolongé ce voyage sur un petit nuage. Merci à vous tous.
2- J'ai commencé le vélo assez tardivement, à 34 ans. C'est la recherche d'une condition physique acceptable qui me motiva. La présence de coureurs amateurs dans le 1er club ne m'a pas écœuré d'emblée, heureusement : j'ai surtout appris à rouler à un bon rythme dans des groupes et à conserver du plaisir à avancer à ces allures. Ensuite, j'ai souhaité participer à des cyclo-montagnardes et autres cyclo-sportives. 5 à 6 années à ce rythme dont 2 avec des résultats acceptables. La réalisation des défis, du type Cinglés du Ventoux, a précédé les années "longues distances". La rencontre avec des rouleurs au long cours, des mois de préparation à engranger des conseils, à s'aguerrir sur des brevets, à conserver l'habitude de rouler longuement et au final des satisfactions profondes et des souvenirs intenses comme ceux que laissent Paris-Brest-Paris. La fréquentation des massifs montagneux était systématiquement l'occasion de noter les grimpées en tout genre : une assuétude se mettait en place désormais … sans aucune obligation vaccinale !!
3- Mon inscription au BIG est arrivée après celles au Club des Cent Cols et à l'ordre des Cols Durs. Pour ce qui est des Monts de France et du BIG la perspective d'un terme atteignable me plaisait beaucoup. Mais le nombre élevé de BIGs à engranger m'impressionnait énormément et m'a freiné un peu.
Les critères "sport et médias" sont vraiment les deux qui ont retenu mon attention durant plusieurs années.
Puis l'intérêt pour la photo et un attrait pour les voyages ont développé l'aspect "tourisme" tout en essayant de conserver dans un petit coin de ma tête le côté sportif.
4- Ce ne sont pas les passages du 800 ème ou du 900 ème qui me laissaient croire que "j'arriverai à 1 000" .
Par contre, j'ai commencé à entrevoir que cela devenait possible après nous être rodés, voyages après voyages, aussi bien en avion qu'en caravane. Le choix de l'achat d'une valise vélo m'a simplifié la vie et rassuré (pas de recherche d'un loueur de vélo, disposer des bons développements, se mettre à rouler sans trop tarder).
Un autre facteur a joué mentalement un grand rôle, c'est le voyage de plus de 3 mois, à un rythme lent et assez réaliste, dans des "contrées épouvantail" comme je les imaginais à tort : l'Ukraine, la Serbie, l'Albanie, Bosnie, Macédoine.
5- Dans notre vie privée, la retraite a modifié l'évolution du score mais le dégagement de ce temps libre serait resté sans lendemain si nous n'avions pas fait l'acquisition d'un camping car (en remplacement d'une caravane) et si mon épouse n'avait pas aussi accepté de s'absenter longuement (3 à 6 mois par an) de chez nous.
6- Les pays où j'ai rencontré quelques difficultés pour rouler sont :
Le Chili à cause de la chaleur et de l'absence ou presque de points d'eau en altitude
L'Ukraine, pays pour lequel on m'avait conseillé de rouler (à vélo) en emportant le passeport, conseil judicieux puisque j'ai été contrôlé, et pas qu'une fois, par les militaires. Cela ne m'était jamais arrivé auparavant.
Et sur le plan physique, c'est en Autriche que j'ai vraiment le plus peiné.
7- En Islande et Nouvelle Zélande j'ai rencontré des paysages vastes, grandioses, colorés, inhabituels. Cette immersion dans ces milieux naturels, aérés, silencieux déclenche immanquablement l'envie de les photographier et de restituer au mieux mon ressenti. Pas facile. Et nous continuons régulièrement à évoquer ces deux pays.
8- J'ai souvent pensé aux biggers qui m'ont précédé surtout si j'avais eu l'occasion de les rencontrer au cours de réunions. J'y ai d'autant plus pensé que je voyais leurs photos postées sur le site, Et si le nombre de biggers pour un pays précis (La Géorgie par exemple) était faible ou très faible alors l'évocation de leur nom me rassurait en quelque sorte.
Je ne pense pas aux coureurs pros ou alors seulement depuis que je m'intéresse au challenge TGV puisque j'aime bien rechercher le lieu et le profil des étapes évoquées.
9- Il n'y a pas eu de compétition avec des membres proches, même si je regardais leurs résultats. Année après année, le choix de mon programme annuel et l'avancée de la collection s'apparentait à un "train de sénateur", sans emballement excessif, sans temps morts trop longs. J'ai également mis en sommeil, sans l'interrompre, la collection de cols du C.C.C. La Covid 19 a entravé le planning évidemment.
10-Le tour des Ardennes en 2013 est sans aucun doute le souvenir le plus fort en terme sportif et relationnel dans le BIG : nous étions nombreux, je découvrais une région, le tour fut d'une durée de 6 jours, l'organisation au top et avoir roulé sur le circuit de Francorchamps, quel souvenir !!
Le second, c'est le 1000ème BIG de Dominique. Ce jour là, j'étais heureux pour lui et j'essayais de me projeter dans l'avenir.
11- Et je fais le lien avec mon 1000 ème BIG. J'ai le petit regret de l'avoir monté seul. Je ne peux m'en prendre qu'à moi même, n'est-ce pas ? Il aurait fallu anticiper ! Ce n'est aucunement un remord, et surtout pas un mauvais souvenir.
12- Je vis comme une entrave cette impéritie aux langues étrangères quand je grimpe aux côtés d'un autre bigger et que les échanges sont des plus réduits. Oui, dans ce cas le multilinguisme du BIG est, pour moi, un inconvénient. Je ne baragouine que l'anglais mais au cours de nos voyages je suis superbement secondé by my wife.
13- Le connaissez-vous ce syllogisme?
William Shakespeare a écrit:
"La passion s’accroît en raison des obstacles qu’on lui oppose",
Or tout BIG est un obstacle à franchir,
Donc la passion ne peut qu'augmenter BIG après BIG. C.Q.F.D.
14- J'ai entrepris de participer activement au challenge TGV dès sa naissance en 2021 et l'horizon s'élargit avec cette formidable idée aussi bien sur le terrain que par des recherches sur internet concernant ces 3 tours.
15- L'Autriche, les îles volcaniques sont des réserves de BIGs piégeux par les pourcentages rudes et durables si on n'y prend pas garde et si on ne les aborde pas avec humilité.
16- Mes proches et cette route vers le Graal :
3 personnes du tout premier cercle m'ont toujours adressé des encouragements et je les remercie vivement.
De ce même cercle, d'autres proches ne m'ont quasiment jamais demandé où j'en étais. Pourquoi ne pas se contenter de l'art d'être un papy gâteau pensent-elles, …. sans jamais formuler explicitement la remarque ?
Le deuxième cercle est constitué de personnes curieuses de savoir si je fais encore du vélo puis si je progresse dans le classement du … ??? ... sans pouvoir le nommer. Certains se permettent de donner des conseils quant aux efforts inconsidérés à produire et d'autres émettent des réserves dues à l'âge ….
17- Des regrets,non, je n'en aurai absolument aucun à ressasser ; cette page est tournée, c'est très bien ainsi.
18- Je compte poursuivre les challenges qui m'attirent le plus, participer à des rencontres annuelles ou découvrir des régions ou d'autres pays.
19- Et s'il faut oser quelques suggestions ou attitudes possibles pour avancer dans ce beau challenge, je dirais :
conserver une certaine régularité année après année,
éviter toute précipitation,
prendre des photos, les annoter, se constituer une banque de souvenirs,
entretenir la motivation par la participation à une ou plusieurs réunions annuelles,
consulter régulièrement le site.
20- Certains grimpeurs ont en tête une chansonnette qu'ils se répètent au rythme de leur pédalée. La petite phrase que je me suis dite et redite, surtout lors de la préparation d'une sortie et parfois en montant, n'est qu'une adaptation d'une citation de F. Dard :
"On ne meurt pas riche des BIGs déjà montés,
Mais pauvres de ceux non encore grimpés"